Le thème de la santé au travail est de plus en plus pris en compte par les services RH des entreprises, répondant en cela à une forte aspiration des salariés. Certains groupes font à ce titre figure de véritables pionniers en la matière, en affichant d’ambitieux objectifs et en accompagnant leurs salariés dans une démarche santé globale. De quoi se différencier de leurs concurrents et améliorer leur marque employeur.
Quand la santé va, tout va – et le monde du travail ne fait pas exception à l’adage populaire. Depuis les prémisses de la pandémie de Covid-19, le thème de la santé au travail bénéficie d’un regain d’intérêt, et ce alors que les salariés français ont connu, depuis deux ans, de profonds bouleversements dans leur manière de travailler : risque de contamination au bureau ou sur le trajet domicile-emploi, télétravail, porosité renforcée entre vie familiale et vie professionnelle, parfois isolement social, etc. Autant de phénomènes qui, pour ne pas tous être nouveaux, se sont accrus à la faveur de la crise sanitaire et auxquels les entreprises se doivent de trouver des réponses : « au-delà des risques liés au métier lui-même, les entreprises ont bien conscience qu’elles doivent aujourd’hui prendre en charge la santé globale de leurs salariés », estime ainsi Nicolas Baudelot, cofondateur de Medicalib, qui propose aux entreprises des solutions de prévention.
La santé au travail, une priorité pour les services RH…
Au sein de l’entreprise, cette prise de conscience se manifeste tout particulièrement dans les fonctions RH – ou, dans les grands groupes, dans les services RSE. « Les entreprises ont engagé une réflexion sur les actions à mettre en place en matière de santé pour que leurs collaborateurs continuent d’être productifs et moteurs du développement de l’entreprise», poursuit ainsi Nicolas Baudelot, selon qui « les entreprises ont bien compris que la santé au travail a un impact sur la vie personnelle et vice versa. Elles savent qu’elles ont un rôle à jouer pour prémunir leurs salariés de ces dangers, car la médecine du travail manque de ressources pour remplir pleinement sa mission de prévention. L’idée est de simplifier la vie de ses collaborateurs, d’alléger leur charge mentale, pour qu’ils se consacrent pleinement à leur tâche durant leurs horaires de travail ». Un deal gagnant-gagnant, en somme.
… et pour les salariés et candidats
C’est donc sans surprise que la thématique de la santé au travail apparaît également, depuis plusieurs mois, comme une composante à laquelle les salariés accordent une importance toujours croissante. Bien décidés à devenir pleinement acteurs de leur santé et de leur forme physique et psychologique, ces derniers se montrent de plus en plus intéressés par les actions de sensibilisation ou de formation aux risques pesant sur leur propre santé. La santé a ainsi tendance à s’imposer comme un facteur d’attractivité qui peut faire la différence entre recruteurs : « au même titre que la mutuelle pouvait être un élément différenciant entre les entreprises aux yeux d’un candidat, confirme Nicolas Baudelot, celui-ci s’intéresse aujourd’hui aux actions de leur potentiel futur employeur en matière de qualité de vie au travail ».
Un an après le début de la crise sanitaire, la santé – physique, mais aussi et surtout psychologique – apparaissait déjà comme une préoccupation majeure des salariés français. Un sondage mené par l’institut IFOP révélait ainsi qu’environ quatre salariés sur dix se déclaraient plus préoccupés par leur santé qu’avant l’épidémie, les femmes et les personnes à 100% en télétravail se disant plus préoccupées par leur santé physique (respectivement 42% et 48%) et psychologique (50% et 53%) que la moyenne. Par ailleurs, les salariés interrogés validaient massivement l’idée selon laquelle leur bonne santé physique ou psychologique avait un impact sur leur perception de leur situation professionnelle ainsi que sur leur productivité au travail. Logiquement, les salariés se montrent donc particulièrement intéressés par d’éventuelles offres d’accompagnement santé au sein de leur entreprise : ainsi, 62% d’entre-eux se disaient intéressés par des programmes d’ergonomie au travail, 60% par des actions de bien-être physique, 59% par des bilans de santé et 53% par des dépistages de maladies graves ou de facteurs de risques.
Composante de la marque employeur des entreprises
Reste que si elle correspond bien à une forte demande des salariés, cette offre d’accompagnement de la part des entreprises demeure plutôt rare, à l’exception notable de certains grands groupes pionniers. Ainsi d’EDF qui, en 2021 a renouvelé sa politique santé-sécurité avec un plan d’actions fondé sur la « vigilance partagée » : « oser interpeller, savoir interpeller et accepter d’être interpellé sont des démarches essentielles pour créer une culture sécurité commune », affirme Christophe Carval, DRH du Groupe, dont l’objectif affiché est « d’éradiquer les accidents mortels ». Une politique volontariste mise en œuvre au niveau local, sur tous les sites du groupe, et complétée par des actions sur le droit et le devoir de dire « stop » en cas de situation d’urgence. Et, à l’avenir, EDF souhaite étendre ses actions à la prévention des risques cardiovasculaires et des addictions. « Outre notre responsabilité d’employeur, nous devons porter et déployer le principe de santé globale au travail et en dehors », explique Christophe Carval.
Pointée du doigt il y a plusieurs années pour ses méthodes de management, l’enseigne de distribution Lidl vient, quant à elle, de se doter d’une nouvelle signature employeur destinée à redorer son image. Intitulée « prendre soin », cette nouvelle politique RH fait de la préservation de la santé des salariés une priorité absolue : équipements pour soulager le travail des équipiers, adaptation des process de travail, prise en compte des risques psychosociaux avec une formation des managers fondée sur les indicateurs de la grille INRS (Institut national de recherche et de sécurité), etc.
Pour les aider dans une meilleure prise en compte de la santé au travail, ces grands groupes peuvent aussi compter sur des start-up telles que Moka.care, pionnière en France sur le secteur de la santé mentale des salariés : travaillant étroitement avec les services RH d’entreprises comme L’Oréal ou ManoMano, Moka.care contribue à aider leurs salariés à prendre soin d’eux et à désamorcer les situations pouvant conduire à une crise : burn-out, arrêt prolongé, etc. Ou quand une politique de prévention efficace peut, à côté du salaire ou des avantages matériels, devenir selon Nicolas Baudelot « un argument fort de (la) marque employeur ».