Dans une étude passionnante réalisée par le collectif Droit au Sommeil les raisons et les conséquences des nuisances sonores nocturnes que subissent les Parisiens sont décortiquées au peigne fin. Vous vous sentez concernés ? Nous aussi !
Chez Métropolitaine, certaines rédactrices vivent dans le Nord-Est parisien. Et si le hashtag #saccageParis a été pour elles une manière de se sentir moins seul face au délabrement de leurs quartiers, il demeure malgré tout un non-dit dans les nuisances parisiennes : le bruit.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César : contrairement à la dégradation des monuments historiques et au mobilier urbain « zadiste décrépi », les nuisances sonores ne sont pas nouvelles dans la capitale. Mais certains arrondissements, notamment à cause des bruits liés à la drogue et à l’alcool, sont devenus très difficiles à vivre la nuit pour de nombreux habitants.
Dans sa dernière étude détaillée en 140 pages, le collectif Droit au Sommeil dresse un état des lieux des nuisances nocturnes. Un sondage réalisé au mois de septembre 2020 révèle ainsi que les arrondissements les plus touchés sont ceux vivant dans Paris-Centre, dans les 10e, 11e et 18e arrondissements. Sans surprise, ce sont les actifs qui en pâtissent le plus (entre 30 à 59ans), leurs nuits perturbées ayant des conséquences directes sur leur forme dans leur vie professionnelle. Un sommeil qui est gêné souvent plus de trois nuits par semaine, et qui inciterait même 23% des Parisiens interrogés à déménager.
Nuisances sonores : entre les « crackés » et les fêtards
Largement devant les camions poubelles ou les bruits de voisinage, les nuisances sonores dont se plaignent les personnes interrogées sont liées aux personnes alcoolisées ou droguées sur la voie publique (à 79%). Une toxicomanie particulièrement bruyante et agressive, où les bagarres entre drogués, les cris au milieu de la nuit et les descentes de police entravent la sérénité du sommeil des habitants.
La seconde source de nuisances sonores nocturnes évoquées par le collectif Droit au Sommeil sont les terrasses des restaurants et des cafés. Alors que le nord-est de la capitale subit les drogués et les personnes ivres, le centre de la Capitale est touché par le brouhaha des consommateurs dans la rue. Dans ces quartiers, 82% des personnes interrogées estiment que la perturbation de leur sommeil est provoquée par ces terrasses. Car oui, nous l’avons un peu oublié ces derniers mois, mais ces dernières, les conversations de la clientèle et la musique peuvent virer à l’enfer pour les riverains. Des nuisances qui ont un effet cumulatif : après plusieurs heures de bruit ininterrompu provoqué par la clientèle attablée aux terrasses viennent les « départs pétaradants de certains clients en deux-roues motorisés tandis que des personnes alcoolisées continuent de stagner après la fermeture et avant, enfin, le passage, lui aussi bruyant, des engins de nettoiement entre 6 heures et 7 heures ».
Interrogé par le Parisien, Frédéric Hocquard l’adjoint d’Anne Hidalgo (PS) en charge de la nuit précise que le sujet n’est pas ignoré par la municipalité : « Nous ne cessons de nous adapter pour que dormir et faire la fête soient compatible à Paris. Lorsque les terrasses rouvriront, en juin ou juillet, il y aura peut-être beaucoup de monde, mais c’est pour cela que nous améliorons la charte, en prenant en compte l’avis des riverains. Les associations ont d’ailleurs été reçues en octobre dernier à la mairie de Paris-Centre. »
Difficile équilibre à trouver entre préserver les nuits (et donc le confort, voire la santé) des Parisiens habitants dans ces quartiers « vivants » tout en maintenant un « monde de la nuit », indispensable au dynamisme culturel et économique de la ville. Un compromis qu’il faudra pourtant trouver pour que ces habitants ne ne finissent pas par quitter ces arrondissement, privant ces derniers d’une « vie de quartier » tout aussi indispensable.