Ce vendredi 6 novembre, Nanaia Mahuta, 50 ans, est devenue officiellement la nouvelle ministre des Affaires étrangères de Nouvelle-Zélande. Un message puissant et un symbole géopolitique adressé à tout le Pacifique : en effet, Nanaia Mahuta est la première femme maorie nommée à un tel poste.
Première femme maorie élue au parlement néo-zélandais en 1996, Nanaia Mahuta et désormais le visage de la diplomatie de son pays. Une nomination particulièrement symbolique, d’autant plus qu’en arborant le « moko kauae », un tatouage au menton réservé aux femmes dans la culture maorie, Nanaia Mahuta affiche fièrement ses origines ethniques et culturelles.
Issue de l’une des plus prestigieuses tribus de l’archipel, descendante d’un roi et une reine maorie, Nanaia Mahuta incarne l’intégration particulièrement réussie les sociétés indigènes à la vie politique néo-zélandaise. Aujourd’hui la langue maorie est l’une des langues officielles du pays avec l’anglais, tandis que les populations jouissent de droits spécifiques sur leurs terres et d’une représentation particulière au parlement. Selon David Camroux, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de Sciences-Po Paris, spécialiste de l’Asie-Pacifique interrogé par La Croix, « Cela montre que sur le long terme, la Nouvelle-Zélande est sans doute le pays qui a le mieux réussi à faire la paix avec ses peuples indigènes ».
Une coexistence pacifique et réussie, dont Nanaia Mahuta en est un parfait symbole : en affichant fièrement le « moko kauae » sur son menton, la femme politique incarne l’appropriation de l’héritage et de l’identité maorie par ses descendants. Un symbole envoyé à la société néo-zélandaise, mais aussi à toute la région Pacifique.
Nanaia Mahuta, un atout diplomatique
En effet, Nanaia Mahuta n’est pas seulement un exemple de réussite maori ; c’est aussi un message fort envoyé à tout le Pacifique Sud. Car depuis de nombreuses années, la Nouvelle-Zélande tisse la toile auprès de ses voisins régionaux, et ambitionne de concurrencer l’Australie dans le leadership de l’Océanie. Dans cette stratégie diplomatique, la défense des peuples indigènes est un levier d’influence dans toute la zone. « C’est d’ailleurs le premier pays au monde à avoir reconnu le statut de “réfugié climatique” en accordant des facilités à tous les insulaires de Polynésie et de Mélanésie qui souhaitent venir vivre et travailler en Nouvelle-Zélande », confirme David Camroux.
Cette nomination au poste de ministre des Affaires étrangères de Nouvelle-Zélande n’est donc pas qu’une « touche » de diversité accordée au politiquement correct, c’est un véritable atout diplomatique.