Le monde des cultures de l’imaginaire a souvent agi comme un prisme déformant lors qu’on pense à certaines typologies de personnes. Cinéma, TV, musique, livre, ont par exemple créé le cliché du geek, cet amateur de jeux vidéo : lunettes sur le nez, isolé, peu sportif, une sociabilité proche du néant, à l’inverse de son appétit insatiable pour finir les quêtes de ses héros préférés.
Pourtant rien n’est plus faux que cette description. Les records de ventes d’Animal Crossing sur Switch cette année prouvent bien que les amateurs de gaming ont finalement des profils divers et variés. Un autre type d’individu souffre de ce même problème : le joueur de poker.
Oubliez James Bond, le cinéma ou la télévision
Lorsque l’on pense à un joueur de poker, l’une des premières images qui nous vient en tête est forcément liée à un des films de la série James Bond. Que ce soit avec Roger Moore ou Sean Connery pour les connaisseurs, ou au travers de la mythique scène de poker de Casino Royale avec le sémillant Daniel Craig qui a relancé la franchise anglaise.
Pourtant cette vision très particulière de l’amateur de ce jeu séculaire est particulièrement éloignée de la réalité. Aujourd’hui, vous ne trouverez que rarement ce cliché : un homme dans sa quarantaine flamboyante, cigare allumé et petit verre de bourbon qui essaie de ramasser une quantité incalculable de jetons à une table VIP.
La vie d’un joueur est tout autre. Il s’agit de femmes et d’hommes qui jouent aux jeux de poker le plus souvent en ligne, tranquillement derrière leurs écrans d’ordinateur ou leurs smartphones. On est très loin de ces ambiances mystérieuses, de ces lumières tamisées et de cette pression presque irréelle qui se dégage à une table.
Le poker reste un jeu, souvent joué pour s’amuser entre amis ou en famille. Tout ce cérémonial et cette mythologie ne sont que des inventions de la télévision et du cinéma.
La fiction a façonné notre imaginaire concernant le joueur de poker
L’imagerie autour du poker est donc l’invention du 7ème art et de son descendant direct qu’est le petit écran. Nous vous parlions de James Bond, mais il ne s’agit bien évidemment pas de la seule oeuvre cinématographique à avoir donné des lettres de noblesse au poker. Rounders (ou Les Joueurs en version francophone), est un monument du genre et nous propose des personnages encore une fois bien trop fictifs. L’étudiant surdoué (très en vogue à la fin des années 1990 suite au succès de Will Hunting joué par le même acteur, Matt Damon) fait face à un mafieux russe. Un autre film comme Le Grand Jeu fait la part belle aux parties des personnalités les plus riches du monde, où l’accès est plus difficile qu’à la Maison-Blanche.
Vous l’avez compris, il faut faire rêver ou plutôt faire voyager le spectateur vers un univers très éloigné. Pour le réalisme, on repassera. Aussi, d’autres films moins tape-à-l’oeil méritent d’ailleurs d’être visionnés si vous êtes fans de cette thématique.
Les autres domaines culturels comme le manga, la musique ou encore la bande dessinée ont moins contribué à créer ces caricatures de joueurs de poker. On se souvient tous des aventures de Lucky Luke et de ses parties de poker, mais peut-être que l’époque de la trame narrative est trop éloignée pour marquer nos esprits. Le monde du jeu vidéo n’a lui pour l’heure pas vraiment consacré une grande place au poker. On peut seulement le voir à titre d’accessoire dans certains titres comme Red Dead Redemption.
Ce qui est assez drôle, c’est que certains clichés portés par de vrais joueurs professionnels de poker n’ont pas encore été adaptés sur grand ou petit écran. On pense notamment au combo pull à capuche et lunettes ou encore à ce Texan, son chapeau de cowboy et ses bottes, qui se fera plumer par le premier bon joueur venu. Mais réalité et fiction ne font pas souvent bon ménage auprès du grand public !