Chez Métropolitaine, nous attendions avec impatience la nouvelle exposition temporaire du Musée du Louvre consacrée à Léonard de Vinci. Mais une fois de plus dans ce qui devrait être le plus beau musée de la capitale, nous fûmes déçues. Muséologie hasardeuse, présentation brouillonne, œuvres décevantes… Un échec qui n’a pas empêché le musée d’enregistrer un nouveau record de fréquentation.
Sur le papier, l’exposition avait tout pour être exceptionnelle : 150 œuvres du maître, de ses proches ou de ses élèves étaient réunies au Louvre pour une présentation hors norme. Imaginez un peu : alors que seulement une vingtaine de peintures sont officiellement attribuées à Léonard de Vinci, dix tableaux étaient réunis dans les couloirs du plus grand musée français.
Organisée à l’occasion du 500e anniversaire de la mort du peintre du 24 octobre 2019 au 24 février 2020, l’exposition a attiré près de 1,1 million de visiteurs, un record absolu pour le Musée du Louvre. Un chiffre colossal : sur les cent quatre jours d’ouverture au public, la fréquentation moyenne journalière s’est établie à 9 783 visiteurs.
Un succès probablement dû à l’attente et la curiosité d’un public très attaché à l’œuvre du génie italien, et une belle campagne de publicité du musée. Car dans les faits, l’exposition est plutôt décevante.
Une déception à la hauteur des attentes
« La forme n’étant qu’une illusion que le monde, dans la perpétuelle mobilité, ne cesse d’arracher à elle-même, le peintre ne peut en saisir la vérité que par une liberté d’esprit et de la main capable de nier la perfection de la forme ». Nous venions découvrir Léonard de Vinci, comprendre son histoire, le contexte historique et culturel de son œuvre picturale, et nous nous retrouvons avec des explications de l’œuvre qui donneraient le tournis à un galeriste underground berlinois.
Mais quelle mouche a piqué la direction du musée ? Dans des couloirs trop sombres et une chaleur étouffante, le visiteur doit se frayer un chemin à travers la foule pour parcourir des salles à la logique aléatoire, ni vraiment chronologique, ni vraiment thématique. En refusant d’organiser et de hiérarchiser les œuvres qui s’offrent à nous, l’exposition mêle des croquis dessinés par des élèves du peintre à des œuvres remarquables (notamment le Saint-Jérôme inachevé) dans un fouillis qui laisse dubitatif.
Ce qui devient une habitude avec le Louvre, où les expositions ont tendance depuis de nombreuses années (exposition Campana, exposition François Ier) à verser dans un intellectualisme snob censé démontrer la qualité de la démarche intellectuelle entreprise par les responsables de l’exposition.
Pourtant, pédagogie, chronologie, et simplicité ne sont pas des gros mots : la dernière exposition sur les peintres anglais au musée du Luxembourg prouve, si c’était nécessaire que l’on peut faire découvrir un univers artistique à des visiteurs de manière efficace et didactique, avec des textes explicatifs clairs et une présentation ordonnée des œuvres.
Une déception probablement à la hauteur des attentions que nous avions pour cette exposition.