Selon le baromètre MGEN « Confiance et bien-être 2019 », réalisé par Opinion Way, un peu plus d’un Français sur deux (soit 46%), ne croie plus en son travail. Entre concurrence professionnelle de plus en plus encouragée, les services publics qui servent de moins en moins, sensation d’isolement qui peuvent pousser au burn-out, cette étude démontre que « le confort matériel ne suffit pas forcément »…
« Je ne dirais pas que la France va bien. Mais cette étude prouve que le confort matériel, qui progresse, ne suffira pas à compenser le mal-être de nos compatriotes, lié à un sentiment d’isolement, à une compétition entre les individus et à un manque de sens de projet commun… », s’est ainsi exprimé Michel Wieviorka, sociologue et directeur d’étude à l’EHESS, à propos des résultats de cette étude confiée à Opinion Way pour la MGEN.
Des chiffres en baisse de moral…
En 2019, l’indice global de bien-être s’établit à 57,5 sur 100, soit un recul de 1,8 point comparativement à 2018. Soit une personne sur deux qui porte un regard bienveillant sur elle-même…
Selon le baromètre, seule la Santé Physique est en légère progression, estimée à 67,3, contre 64,6. Les autres catégories calculées sont, elles, en baisse : la Qualité du relationnel (64,1 contre 68,1), le Rapport à la Société (31, contre 31,3) ou encore la Santé mentale (62,9 contre 65,9), toutes ces catégories concluent à un bien-être en berne.
Mais c’est limage de soi, qui en prend le plus pour son grade, plus important encore chez les femmes que chez les hommes… Si en 2018, le baromètre indiquait un indice à 56,1 points, il est descendu cette année à 49,3. Une chute de 6,8 points tout de même. Des chiffres qui questionnent sur l’origine du véritable mal-être des Françaises quand l’ère post MeeToo est à son apogée.
Une France qui va bien et des Français qui le sont beaucoup moins
En 2018, 72,8% des Français estimaient faire un travail utile à la société. En 2019, ils ne sont plus que 54,3%.
« On a changé de modèle. Le numérique et la tech nous ont fait croire qu’on sortirait du taylorisme pour un monde plus soft. Mais nous nous retrouvons dans un univers plus stressant : le délitement du syndicalisme renforce la solitude des travailleurs qui intériorisent les contraintes du travail. C’est en partie ce à quoi le mouvement des gilets jaunes a voulu répondre : ce besoin de se rassembler. », explique David Graeber, fameux anthropologue américain.
Un système professionnel qui semble pousser à l’individualisme et à la concurrence. Car aujourd’hui 30% des salariés Français ont cette sensation d’être en compétition avec leurs collègues. En 2018, ils étaient 22,5%.
« Les Français vont objectivement un peu mieux et, pourtant, ils se plaignent de ne pas trouver de sens à leur vie », conclue Michel Wieviorka