Ce n’est pas un simple effet de mode ou du féminisme ambiant : les femmes africaines sont aujourd’hui parmi les plus entrepreneuses au monde. Un atout pour accélérer le développement du continent africain, à condition de donner à ces femmes davantage de moyens financiers. Ici et là, des initiatives, telles que le sommet régional We-Fi, ou l’Africa Start-up Initiative de Telecel Group, voient le jour.
C’est un boom silencieux, porteur d’espoirs d’émancipation pour tout un continent. Partout en Afrique, la révolution numérique commence à porter ses fruits. De Dakar à Nairobi, des nouvelles entreprises émergent grâce à la floraison d’un puissant mouvement start-up ancré dans la jeunesse.
Ce que l’on sait moins, c’est que parmi ces entrepreneurs new look, beaucoup sont des femmes. Près d’un quart d’entre elles en âge d’exercer un emploi sont aujourd’hui impliquées dans la création d’entreprises, et pas seulement dans les nouvelles technologies. Aujourd’hui, les femmes détiennent plus de 30 % des PME en Afrique.
En Afrique comme ailleurs, le challenge du plafond de verre
En avril dernier s’est tenu à Abidjan un sommet dédié à l’entrepreneuriat féminin : We-Fi. A l’origine de cet événement placé sous l’égide de la Banque mondiale, qui a permis de lever 350 millions de dollars : la difficulté des porteuses de projets à obtenir des financements. Cette difficulté à trouver des financements est vraie pour tous les Africains, et l’est encore plus quand on est une femme. Le manque de confiance de leurs interlocuteurs masculins, le caractère informel de nombre d’entreprises, le fait que certaines de ces femmes ne sont jamais allées à l’école : tout ça fait qu’elles doivent se battre davantage.
Comme l’explique Lamba Ka, chef de projet chez MakeSense West Africa et spécialisée dans la lutte contre la corruption, « la balance entre vie professionnelle et vie de famille est difficile à trouver. Il est compliqué de gérer à la fois une famille et une entreprise, surtout avec la pression culturelle et sociale. »
Et pourtant, l’enjeu est crucial. Il va bien au-delà de la réussite individuelle de ces business women. Lors du sommet We-Fi, la directrice de la Banque mondiale Kristalina Georgieva l’a rappelé, chiffres à l’appui : l’intégration des femmes africaines dans les économies crée des emplois, améliore le niveau de vie, dynamise la croissance économique et contribue à la paix et à la prospérité d’un pays.
L’entrepreneuriat féminin en Afrique, une cause mondiale
Cette prise de conscience a donné lieu récemment à un formidable déploiement de programmes destinés à changer la donne au niveau local. L’une des plus ambitieuses avec l’initiative We-Fi, l’Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique (AFAWA), vise à faciliter, par l’intermédiaire de banques commerciales et d’institutions de microfinance africaines, l’octroi de prêts à plus de 50 000 entreprises dirigées par des femmes.
Dans le digital notamment, on peut citer le programme Africa Start-up Initiative (AFIP), financé par l’opérateur de téléphonie Telecel Group. Un focus bienvenu sur les technologies innovantes, où les femmes restent en retrait du profond mouvement qui traverse le continent. Pour Ninon Duval-Farré, directrice de l’incubateur Bond’Innov, « on remarque qu’il y a une façon plus timide d’aborder le business qui freine un peu les ambitions des entrepreneures. On remarque d’ailleurs qu’elles sont bien moins nombreuses que les hommes dans ce domaine. »
Le facteur femmes est désormais scruté avec attention par les instances qui ont à coeur le développement du continent. Avec l’environnement, ce fut l’un des enjeux abordés lors du G7 de Biarritz. Ce thème a donné lieu à une déclaration spécifique dans laquelle les dirigeants réunis en France se sont félicités des sommes levées pour pallier le manque de financement identifié comme un frein à l’essor de l’entrepreneuriat féminin en Afrique.