En quelques jours seulement, Balance ton quoi, le nouveau clip tant attendu de la chanteuse Angèle a été visionné près de 7 millions de fois, le positionnant à la 8e position des tendances françaises. Une visibilité qui fait un vrai pied de nez au sexisme, largement dénoncé depuis le mouvement mondial MeToo qui a explosé début 2018. Angèle Van Laeken serait-elle, parmi d’autres, la voix francophone porte-parole de la génération anti-sexiste post MeToo ?
A seulement 23 ans, Angèle, soeur du rappeur Roméo Elvis, a déjà récolté deux victoires de la musique, dans les catégories « Meilleur album révélation » et « Meilleure conception audiovisuelle » de l’année 2018. Son premier disque, Brol, est sacré triple platine et meilleur album lors de la cérémonie des Étoiles de Parisiens. Elle compte plus de 1,5 millions d’abonnés sur son compte Instagram.
Son clip Balance ton quoi, qui rebondit directement sur le hashtag Balancetonporc lancé en 2018, en réponse au mouvement international MeToo, était énormément attendu par ses fans.
« Faudrait peut-être casser les codes, une fille qui l’ouvre ça serait normal »
A la réalisation, une équipe féminine : Charlotte Abramow d’abords, amie photographe de l’interprète, qui avait déjà réalisé les clips La Loi de Murphy en 2017 et Les Passantes, reprise de Georges Brassens, à l’occasion de la journée internationale des droits des Femmes en 2018. Le clip est co-signé par Ophélie Secq, créatrice audiovisuelle du clip Va te faire foutre.
Postée le lundi 14 avril sur YouTube, la vidéo n’est pas loin des 7 millions de vues en à peine quelques jours. Le clip dénonce le machisme avec humour, « meilleur moyen de lutter contre le fléau du sexisme ordinaire » selon la compositrice belge.
Un hymne féministe dynamique qui dénonce les inégalités femmes/hommes, harcèlement de rue, réflexions sexistes et autres actes d’agressions sexuelles, encore trop peu visibles, que subissent quotidiennement les femmes. Inégalités qu’Angèle a notamment subi dans son milieu professionnel : « J’ai vu que le rap est à la mode et qu’il marche mieux quand il est sale, mais le sexisme est partout dans la musique. Quand on parle de moi beaucoup disent : « Elle a un joli minois ». On ne le ferait pas avec un chanteur. »
» Quand une fille dit non, ça sous-entend que c’est.. ?»
Frotteurs du métro, charge mentale, inégalités salariales, mais aussi liberté et diversité des corps (parmi les différents témoins, Angèle apparaît les aisselles poilues), tout est évoqué ici. La chanteuse pop passe du rôle de juge à celui d’avocate. Elle endosse finalement le rôle d’une coach anti-misogynie pour donner des cours de féminisme à « l’Anti Sexism Academy », école fictive qui propose des réunions dénonçant les dérives du sexisme contemporain, à l’image des groupes de parole pour les dépendants anonymes. Femmes et hommes se trouvent à réviser leurs notions , car le sexisme ordinaire n’a ni sexe, ni âge, ni milieu social, ni religion.
Pierre Niney (César du Meilleur acteur en 2015 pour Yves Saint Laurent), prête ses traits au personnage d’un jeune homme qui tente, durant une de ces réunion, de soigner son attitude machiste et de parfaire son apprentissage des règles du consentement sexuel. » Quand une fille dit non, ça sous-entend que c’est… » demande-t-il durant l’échange de parole ? En face, exaspérée, Angèle le coupe : « ..Non ! ». Nikita Belluci, ancienne actrice porno, fait aussi partie du casting. Un petit clin d’œil quand on sait qu’elle aussi a été victime de cyberharcèlement sexuel sur les réseaux sociaux.
« Un jour peut-être ça changera »
Angèle sera en tournée dans toute la France dès le mois de mai prochain. En attendant, le sweat de la Anti-Sexism Academy School, tant réclamé par les internautes après le succès de Balance ton quoi, sera mis en vente sur la boutique en ligne d’Angèle, en collaboration avec Meuf Paris. Les bénéfices des ventes seront reversés aux associations Centre 320 Rue Haute (Belgique) et la Maison des Femmes (France).
Sur leur compte Instagram, le Mouvement de lutte contre les violences sexistes et sexuelles Nous Toutes note une hausse de 17% de plaintes enregistrées pour viol en 2018 et comptabilise, au 19 avril, 44 femmes, mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, depuis le 1er janvier 2019 seulement.