Alors que la sélection officielle des films qui concourront pour la Palme d’Or cette année ne sera dévoilée qu’en conférence de presse le 18 avril prochain, l’affiche, elle, circule déjà… Deux semaines après son décès, Agnès Varda sera le visage du Festival de Cannes en mai prochain. Une belle manière de lui rendre hommage que de choisir cette photographie assez insolite comme affiche officielle de la 72ème édition !
Agnès Varda. L’insolente, la curieuse, la féministe, la créatrice. Celle qui était libre ! La réalisatrice et plasticienne française, native de Belgique et qui nous a quitté le 29 mars dernier à 90 ans, sera donc l’icône de la 72e édition du Festival de Cannes, succédant à Jean-Luc Godard et Jean-Paul Belmondo.
Une photographie assez représentative de la cinéaste
Le cliché choisi, originellement en noir et blanc et mis en lumière par la graphiste Flore Maquin, a été tiré du film La Pointe courte (1955). Il s’agit du premier court-métrage d’Agnès Varda, où se profile une histoire d’amour entre Philippe Noiret et Sylvia Montfort et qui se déroule à Sète.
A l’époque, le film se fait avec très peu de moyens et la cinéaste fait usage de beaucoup d’imagination et d’astuces. Mais le court métrage réussit est présenté dans une petite salle de la rue d’Antibes à Cannes pendant le festival de 1955. Il inscrit d’emblée Agnès Varda dans ce mouvement naissant de nouveau genre de la Nouvelle Vague.
Treize fois, ses films seront présentés en sélection officielle à la ¨Palme d’or. Elle a aussi été membre du jury en 2005 et présidente de la Caméra d’or en 2013. En 2015, elle reçoit une Palme d’honneur, en ces termes : « il s’agit de résistance et d’endurance, plus que de l’honneur », avant de la dédier « à tous les cinéastes inventifs et courageux, ceux qui créent un cinéma original, de fiction ou de documentaire, qui ne sont pas dans la lumière mais qui continuent. »
Militante féministe
Sur la photographie, la jeune femme alors âgée de 26 ans, filme, debout sur le dos d’un technicien. Oui, « UN » technicien. Évidemment pas un hasard quand on connaît le militantisme féministe d’Agnès Varda. Elle qui avait lutté pour les droits des femmes, de toutes les femmes, dénonçant « des viols, des femmes battues, des femmes excisées, des femmes avortées dans des conditions épouvantables, des jeunes filles qui allaient se faire faire un curetage à l’hôpital et des jeunes jeunes internes qui leur disaient : pas d’anesthésie ça vous apprendra ! ». Elle qui a dit : « J’essayais de vivre un féminisme joyeux, mais en fait j’étais très en colère. »
« Artiste en liberté »
« Tel un manifeste, cette photo de plateau recèle déjà tout d’Agnès Varda : la passion, l’audace, l’espièglerie, exposent les organisateurs du Festival. Les ingrédients d’une recette d’artiste en liberté qu’elle enrichira sans cesse. Soixante-cinq ans de création et d’expérimentation, presque autant que le Festival de Cannes, qui célèbre chaque année des regards qui montrent, osent et s’élèvent. Et qui sait se souvenir. »
La compétition officielle et très attendue, comme chaque année, débutera le 14 mai avec le film de Jim Jarmusch, The Dead Don’t Die (qui sortira en salle le 14 juin prochain). Là encore, un joli pied de nez !