Une séance de spiritisme qui tourne mal. Des esprits frappeurs bien frappés. Des chasseurs de fantôme un peu trop téméraires. C’est la trame de Paranormal Investigation, le nouveau film de Franck Phelizon disponible sur Netflix, qui fera monter la fièvre du samedi soir chez tous les fans d’épouvante.
Andrei, 29 ans, exerce une profession qu’on qualifiera volontiers d’atypique, puisqu’il traque les esprits dans les lieux hantés. Quand il plante ses caméras dans une chaumière de Seine-et-Marne, on comprend que les choses vont mal tourner pour lui et son équipe. La suite vous fera bondir sur votre canapé et plonger la tête sous la couette…
A travers cette histoire, Franck Phelizon, réalisateur de KickBack, premier film français de « e-cinéma » (procédé qui consiste à proposer directement en VOD des films inédits), sorti en 2015, a voulu rendre hommage au thriller américain pour ados en s’inscrivant dans un cinéma de genre très anglo-saxon. Et la greffe prend. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, le film n’est pas une énième resucée de Paranormal Activity. S’il s’inscrit dans une même veine, c’est dans la façon qu’il a de jouer volontairement avec les codes du documentaire et de brouiller la frontière entre pro et amateur.
Une recette efficace pour faire monter l’adrénaline. En 1980, l’horrifique Cannibal Holocaust plongeait une équipe télé dans la marmite d’une tribu amazonienne pas vraiment vegan. Mais le mètre-étalon du genre dans lequel s’inscrit Paranormal Investigation sortait il y a tout juste 20 ans : The Blair Witch Project. Des ados à bonnet pleurent dans une foret obscure, pourchassés par une terrifiante menace invisible. Un film qui a marqué son époque, tourné en numérique avec des bouts de ficelle pour un effroi maximal et qui annonçait avec des années d’avance une certaine esthétique YouTube.
La chasse aux fantômes, un phénomène mondial qui se vit en ligne
YouTube, justement, est devenu le terrain de jeu de chasseurs de fantômes nouvelle manière, dont s’inspirent les aventures d’Andrei. Le web paranormal réunit des centaines de milliers de fans. Il existe des communautés partout dans le monde, notamment au Japon, en Indonésie, en Espagne, au Brésil. Bref, surtout dans les pays où l’on est ouvert aux phénomènes surnaturels. Même en France, on croit – un peu – aux esprits. 14 % des Français de 25 à 34 ans affirment avoir déjà vu un fantôme, une probabilité qui augmente en cas de deuil récent.
Sur ce fantasme ancien, les amateurs connectés prospèrent, alimentant leur chaîne en « preuves » de leurs découvertes. Comme dans le film de Phelizon, ils plantent leur caméra dans des lieux réputés hantés et attendent de voir ce qui se passe. Il existe aujourd’hui des milliers d’heures de vidéos, souvent tournées en found footage (la technique utilisée dans Blair Witch) et « garanties sans trucages ». La question de l’authenticité est prise très au sérieux par les fans. Les soupçons de supercherie donnent lieu à d’intenses batailles de commentaires et peuvent détruire des réputations, comme ce fut le cas il y a deux ans avec un youtubeur suisse comptant 1,6 million d’abonnés accusé d’avoir truqué une de ses vidéos.
Suivre de lien en lien les investigations de ces Ghostbusters 2.0 permet de se livrer à un tour du monde des lieux hantés. Ainsi, on découvre qu’il existe en Indonésie, à Lawang Sewu, une vieille bâtisse coloniale peuplée d’âmes errantes. En Chine, les caméras de surveillance filment des trains fantômes, quand ce n’est pas une ville flottante qui apparaît simultanément à des centaines de témoins. Chacun de ces phénomènes relance les spéculations parmi les amateurs de surnaturel qui, tels Fox Mulder pour les extra-terrestres, « veulent y croire ».
Paranormal Investigation s’inscrit donc dans un courant particulièrement actif. Qu’on croie ou non en l’existence des esprits, les amateurs de sensations fortes ne résisteront pas au plaisir de s’immerger dans son univers. Et puisque le fantôme frappe toujours deux fois, pourquoi ne pas imaginer une série ? D’autant que Paranormal investigation raconte… le 9ème épisode des aventures d’Andrei !