Le Yoga Chèvre, cela vous dit quelque chose ? Vous n’y aviez peut être pas échappé, depuis plusieurs mois les vidéos cartonnent sur les réseaux sociaux. Facebook, Instagram et YouTube comptent déjà plusieurs dizaines de vidéos faisant la promotion de cette nouvelle pratique « révolutionnaire ».
Sans sourciller, les intervenantes et les coachs interrogés assurent que cette nouvelle manière de faire du yoga, entouré d’animaux qui nous accompagnent durant les exercices, aurait des vertus calmantes et apaisantes. En effet, la présence physique des animaux suffirait à détendre les pratiquants.
Pour Donna McCheyne, professeur de Yoga chèvre dans une ferme du Devon depuis plus de deux ans « nous nous connectons avec les animaux. Ils nous aident à libérer le cortisol qui se trouve dans le corps, ce qui augmente également le taux d’hormones du bonheur » expliquerait-elle au journal anglais The Guardian.
Une tendance venue de l’Oregon et qui a beaucoup profité de l’exposition médiatique de certaines influenceuses, comme Khloe Kardashian qui s’est affichée durant certaines de ces séances. Car évidemment, de jeunes starlettes qui font des étirements entourés de biquettes, c’est le buzz garanti avec des retombées dans la presse, des milliers de commentaires, millions de vues…
Course effrénée à la nouveauté
Profitant d’une célébrité soudaine, les cours de « Yoga chèvres » se sont multipliés aux États-Unis ces derniers mois. Une mode qui a déjà traversé l’Atlantique, puisque les premiers cours de « Goat Yoga » sont déjà délivrés à Fuveau, entre Aix et Marseille. D’ailleurs, depuis plusieurs années, les coaches de yoga redoublent d’inventivité pour créer de la nouveauté dans leurs cours, se démarquer sur le marché et créer une nouvelle demande. À Paris, nous pouvons déjà profiter de « cat yoga » (même principe que les chèvres, mais avec des félins) ou encore de « yoga fly », dans des hamacs.
Une multiplication des pratiques, bien aidée par les « influenceuses », qui ne rime pas forcément avec efficacité. Les tenants d’un yoga plus « classique » demeurent d’ailleurs largement sceptiques à l’égard de ces nouvelles tendances.
Toujours dans le Guardian, de nombreux professeurs de yoga expriment franchement leurs doutes sur l’utilité de glisser une dizaine de chèvres au milieu d’une séance de relaxation. Pour Sara Teiger, professeur de yoga depuis 15 ans, il s’agit clairement d’une mode passagère : « Il n’y a pas de postures ou de pratiques particulièrement bénéfiques liées à la présence de ces chèvres. Il s’agit principalement d’un coup de communication, effectuée sur les réseaux sociaux ».
Marie Spreckley, directrice de la London Weightloss Clinic et professeure de Yoga, de danse et de pilates soutient ce positionnement. Pour elle, cette tendance n’est pas en accord avec les réels objectifs du yoga : « Le yoga, c’est la pleine conscience, la relaxation et la concentration. Tu ne peux pas être réellement concentré sur ce que tu fais en présence de chèvre dans la salle. De plus, le risque de se blesser est encore plus accru. »
Le sujet — presque anecdotique — du « goat yoga » révèle les faiblesses du système des influenceurs : devenus « roi de la pub », ces créateurs de tendances sont condamnés à alimenter en permanence leurs réseaux sociaux avec de nouvelles expériences pour répondre à leurs followers. Une dépendance à l’égard de la nouveauté et du buzz qui risque d’affaiblir la crédibilité des influenceurs à l’égard du grand public.