Marianne Mako, est décédée à seulement 54 ans. Pour rappeler un autre grand disparu, il faudrait signaler que je parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Les femmes en ce temps-là ne parlaient que très peu de l’actualité sportive et pas du tout de football à la télévision. Et si elle fut la première en France, à le faire, n’oublions pas les commentaires et les remarques sexistes, que la majorité des hommes ont faites. Fallait-il que l’on soit bête et que l’on aime être blessant ?
Le sexisme, le sexisme, ça voulait dire, pas de femmes dans le football, sinon pour faire joli, pour la décoration, souriante et muette. Marianne Mako, est apparue dans cette superbe ambiance. En 1987, elle a donc fait l’inimaginable, en intégrant l’équipe de Téléfoot, c’était le rendez-vous du ballon rond sur TF1. Elle a eu une rubrique dont le nom caractérise parfaitement la manière dont elle était vu à l’époque, c’était « crampons aiguilles ». Pourtant Marianne Mako, n’est pas arrivée là par hasard. A l’époque, il fallait même préciser qu’elle n’avait pas coucher pour se retrouver là. Elle avait débuté sa carrière journalistique au service des sports de France Inter, puis collaboré notamment avec Sud-Ouest, Libération, RMC ou encore France Football.
A partir de là, de nombreux « amoureux du ballon rond » vont confirmer, qu’ils ne sont pas amoureux du bon goût et de la finesse. Nous nous souviendrons du virage du vélodrome, qui pouvait l’accueillir à l’époque avec un « Marianne Mako est à genoux, elle nous s…le bout« . Sa présence dérange à tous les étages. Elle va continuer durant dix ans à vivre sa passion au-delà de toutes ses stupidités. En 1997, officiellement, elle est victime d’une restructuration du service et elle est donc remerciée.
Cependant, tout indique que c’est le grand manitou du football de l’époque en personne, Thierry Roland, qui aurait œuvré pour son départ. Il a déjà écrit ce magnifique passage dans son autobiographie, « elle est sympa, plutôt mignonne, mais j’ai entendu trop de catastrophes sortir de sa bouche pour la prendre au sérieux ». Il écrit aussi, « le foot se joue avec du poil aux pattes et au menton. Il n’est pas prévu pour les femmes journalistes. La preuve, elles ne peuvent entrer dans les vestiaires et assister au spectacle de quatorze sexes qui plongent dans une piscine« .
Gérard Holtz confirmera, « je ne veux pas le citer, mais l’un des plus grands commentateurs de football en France, a quand même fait virer Marianne Mako, qui était professionnelle, qui était pertinente, qui savait bien faire son métier et lui disait, je ne veux pas de femmes pour le football« . D’ailleurs, Gérard Holtz rajoute, que Thierry Roland a écrit ce que bons nombres de personnes pensaient. Il indique, que les patrons disaient qu’il n’était pas question qu’une femme fasse un commentaire, fasse un résumé ou soit dans les vestiaires de foot.
Marianne Mako, s’est reconvertie à partir des années 2000 dans la communication. Christian Jeanpierre a voulu l’inviter en 2017 pour les 40 ans de Téléfoot, mais elle était déjà malade et n’a pas pu se joindre à cet anniversaire.
Crédit photo : football.fr