Voici une décision qui va faire parler dans les cours de récréation. On peut imaginer la colère qui va monter dans les préaux d’école, et les couloirs de lycées. Dès la rentrée 2018, dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, les enfants n’auront plus le droit de se servir de leurs smartphones. Le texte s’applique aussi aux autres outils de communication électronique comme les tablettes, les montres connectées…
A dire vrai, ce n’est pas vraiment une surprise, car cette décision faisait partie des promesses de campagne du chef de l’Etat. Elle va concerner 93 % des 12-17 ans, qui disposaient d’un téléphone portable en 2016. Sa présence sera autorisée en classe à des fins pédagogiques, et dans les lieux où le règlement intérieur l’autorise expressément.
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, est monté au créneau pour expliquer lui-même le bien-fondé de cette mesure. Il a déclaré, « toutes les études internationales le montrent : cette addiction aux écrans fait des dégâts ». Il a rajouté, « les chefs d’établissement pourront vous le dire : une cour sans téléphone portable, c’est une cour où les enfants jouent, discutent, chahutent, où ils vivent leur vie d’enfant ».
De nombreuses études, démontrent les effets pervers d’une trop grande dépendance à internet pour les enfants. Il est question de problèmes d’attention des enfants, de la baisse de la lecture, et des exercices physiques. A cela il faut rajouter le risque croissant d’être exposé à des contenus violents et pornographiques, ou encore le cyber harcèlement, et ses conséquences sur le climat scolaire.
Le débat autour de cette mesure fut, comme on peut l’imaginer, assez animé. Il a abouti par exemple, au retrait de l’interdiction de l’usage du téléphone portable par les enseignants, et le personnel éducatif. Un amendement relatif à cette interdiction a été retiré.
Il reste maintenant à passer à l’application. C’est justement là, que des députés ont fait écho aux inquiétudes d’organisations de parents d’élèves, comme la PEEP et la FCPE. En l’état, le texte prévoit, « aucun encadrement et aucune sanction en cas de non-exécution », a ainsi fait remarquer Patrick Hetzel (LR). Jean-Michel Blanquer, a concédé que l’actuelle mention de l’interdiction du téléphone portable dans le code de l’éducation ne suffisait pas à la rendre effective dans tous les établissements, il faudra donc sûrement un complément dans le règlement des établissements.
La FCPE, première fédération de parents d’élèves des écoles publiques, regrette que ces mesures ne s’accompagnent pas d’un volant pédagogique, qui aurait été d’un très bon goût dans le contexte de l’école. « Cette proposition de loi ne comporte aucun volet pédagogique, aucun volet d’éducation aux usages du numérique. En cela, elle nous semble ne pas répondre aux enjeux à venir pour notre jeunesse », a écrit la fédération dans un communiqué.
Il restera ensuite, pour montrer l’exemple aux plus jeunes, à faire retrouver un peu de civisme, de bon sens, un peu moins de narcissisme, et plus d’attention à ceux qui sont autour de soi, aux enfants de 17 à 77 ans.
Crédit photo : B. Marion