Pierre Bellemare, l’homme de télévision est décédé à 88 ans. Il faisait partie des personnalités classiques de la radio, et il a participé à la mise en place de ce qui allait devenir le petit écran. Il était une figure, et une voix rassurante des médias au moment ou ceux-ci, se voulaient surtout consensuels, instructifs et le reflet d’une société bien ordonnée. Dans ce contexte, les hommes et les femmes de radio cachaient les aspérités d’une vie privée qui se voulait celle de bons maris et de bonnes mères de famille. Les scandales, et les écarts se résumaient surtout à quelques vedettes « yéyé », faisant les unes des journaux à sensation. Il existait bien quelques rumeurs, mais en l’absence des réseaux sociaux, il était plus facile de les maintenir en partie cachées.
Le bon exemple de ce fameux « tout le monde savait », est la révélation de la liaison d’Yves Mourousi et de David Bowie, mise en lumière par le livre de Danielle Gilbert. Cette utilisation de l’expression « tout le monde savait » fait contraste, car en fait à l’époque, elle concerne un microcosme médiatique, souvent soucieux de maintenir une image bien propre et lisse.
Pierre Bellemare n’échappe pas à la règle, il a fallu sa propre biographie pour révéler qu’il a mené une double vie entre sa femme et sa maîtresse durant 12 ans. Tout d’abord, à 17 ans, il épouse son premier amour Micheline Grillon, une jeune femme rencontrée sur les bancs du lycée. Il n’est à l’époque pas encore question de faire de la radio. De ce mariage, naîtront deux enfants, Françoise-Louise, devenue avocate au barreau de Paris et Pierre Junior, connu sous le nom de Pierre Dhostel, qui a suivi les traces de son père, en prenant il y a trente ans les commandes de l’émission M6 boutique.
Ensuite, cela se complique, en 1960, il ne peut résister aux charmes de Roselyne Bacchi, une jolie danseuse de 18 ans. Notre conteur et vendeur de télé-achat, n’arrive pas à trancher. Il n’est pas question de faire scandale avec un divorce, moins bien vu à l’époque, surtout pour l’image d’un bon père de famille. Durant 12 ans, il vit une « vie de bigame » comme il écrit lui-même.
Finalement, le vent de mai 68 va secouer le carcan rigoriste des mœurs françaises. La naissance de Maria-Pia, fruit de ses amours avec sa compagne, décide donc le « bon papa » à mettre fin à une situation de plus en plus inextricable. Il se sépare de sa femme en 1972, pour vivre auprès de Roselyne et de sa fille Maria-Pia. Le couple ne s’est plus jamais quitté. Maria-Pia mène une carrière de metteuse en scène de théâtre.
Tout est bien qui finit bien, Pierre Bellemare restera à tout jamais dans nos mémoires, un raconteur d’histoires passionnantes, un vendeur d’objets inutiles, efficaces, et un bon papy, un peu décalé que tout le monde a rêvé d’avoir.
Crédit photo : beatrice BL