Le mouvement des Femen, est né il y a déjà dix ans. Cela fait donc dix ans, que l’on voit apparaître de temps en temps, ces jeunes femmes avec des fleurs dans les cheveux, et les seins à l’air au cours d’actions spectaculaires. Les Femen sont nées en Ukraine avant de s’exporter dans d’autres pays. Comme tout mouvement, il s’essouffle au fur et à mesure, mais il a déjà clairement marqué l’histoire du féminisme.
A la base, c’est l’histoire de trois jeunes femmes Ukrainienne, Anna Houtsol, Oksana Chatchko et Sacha Chevtchenko. Elles créent un mouvement pour alerter l’opinion publique sur la place réservée aux femmes dans la société ukrainienne. Elles choisissent le mot latin « femen« , qui signifie « cuisse ». Anna Houtsol ajoute, « les gens ne s’intéresseraient pas à notre message si nous n’étions pas habillées de cette façon« . Si le mouvement tournait surtout autour de l’injustice de la société qui s’incarne dans l’industrie du sexe, Galia Ackerman, essayiste et co-auteure du livre Femen, explique que c’est devenu plus que cela, « c’était une révolte à la fois contre le machisme, mais plus généralement contre l’injustice sociale ».
Le mouvement s’étend à d’autres pays, et l’on voit surgir de nouvelles jeunes filles, le torse à l’air, et fleurs aux cheveux devant le Parlement ukrainien en novembre 2009, à Notre-Dame de Paris en février 2013, à Hénin-Beaumont pendant la campagne présidentielle pour manifester contre Marine Le Pen et bien d’autres.
Ce radicalisme exprimé dans ces attitudes très provocantes, apparaît très efficace dans un premier temps. C’est simple, médiatique, cela dérange et interroge. Cette radicalité est plutôt une attitude masculine. Cependant, elle a le défaut de ses qualités, son extrémisme marque un engagement sans retour, et pose problème de quoi faire après, pour maintenir l’attention. Cette logique perverse, fait faire le plus souvent l’action de trop, car pour continuer à épater, il faut aller à chaque fois plus loin.
Ensuite, la vie du mouvement subit les classiques attaques du temps. Les trois amies sont obligées de s’enfuir d’Ukraine, pour se réfugier en France, mais elles se brouillent. On retrouve d’un côté Inna et les Femen françaises, que Safia Lebdi, co-fondatrice de Ni Putes ni soumises a lancé, de l’autre, Sacha et Oksana, qui vont être jetées du mouvement, très violemment.
Le mouvement Femen, ne peut plus éviter la dérive dirigiste. En Ukraine, c’est une organisation horizontale, on partage tout, les coups et les sous, elles avaient une action sur le terrain en informant les femmes sur leurs droits, et aidaient des prostituées. En France, on est loin de tout cela, c’est un mouvement vertical, avec le culte du chef. Femen France se concentre sur des actions à très forte plus-value médiatique et travaille surtout à sa propre survie.
Il reste, que le mouvement est déjà entré dans l’histoire. On en retrouve l’esprit dans l’art, la mode, le féminisme, l’inconscient collectif. Elles ont rappelé, que quand il n’y a pas de démocratie, c’est toujours, les femmes qui en pâtissent le plus. Il est clair, que des mouvements comme #metoo ou d’autres, lui doivent quelque chose.
Crédit photo : jorge granella