En Algérie comme en France, les réformes scolaires sont souvent source de remous sociologiques. Cependant, cette fois de l’autre côté de la méditerranée, il ne s’agit pas simplement de la mise en place d’une énième méthode d’enseignement. Le ministère de l’Éducation nationale algérien va tout simplement proposer un projet de loi interdisant le voile intégral et le niqab dans les établissements scolaires.
Très officiellement, le texte prévoit d’une part que « les élèves doivent porter des habits propres et décents, et doivent porter des tabliers qui répondent aux spécifications requises » et que « les habits des élèves ne doivent en aucun cas empêcher de les identifier ni leur permettre de cacher des outils pouvant aider à la fraude lors des tests et examens ». D’autre part, le projet de loi stipule également que « l’employé doit avoir un comportement exemplaire et une apparence décente, notamment en termes de tenue qui doit correspondre au cadre professionnel. Tout habit pouvant empêcher l’identification de l’employé est interdit ». On a bien compris que cette traque à la tricherie est surtout un argument pour justifier l’abandon du port du voile intégral à l’école.
Bien sûr, ce projet de loi fait largement polémique notamment chez les courants rigoristes, qui estiment que c’est une « obligation » de le porter. Les partisans du courant islamo-conservateur dénoncent une « atteinte à la liberté des filles voilées » dans les écoles.
Cette mesure détonne de la part d’un gouvernement qui évolue dans un cadre général plutôt conservateur. Derrière cette mesure, on retrouve la ministre de l’Éducation algérienne Nouria Benghabrit. Cette sociologue de 63 ans, particulièrement inflexible ne semble pas redouter les menaces des islamo-conservateurs.
On ne peut tout de même que s’inquiéter pour le futur de cette dame qui a déjà fait face à de très vives attaques suite, par exemple à sa volonté de réintroduire le dialecte algérien à l’école, où les cours se font en arabe classique. Elle a aussi œuvré pour la suppression de la formule « Bismillah Arrahman Arrahim » qui veut dire « au nom de Dieu clément et miséricordieux, qui précède chaque sourate du Coran, dans les manuels scolaires. C’est le président du Haut Conseil islamiste, Bouabdellah Ghlamallah, qui est intervenu pour rétablir cette formule dans les prochaines éditions du manuel scolaire. Il ne s’agit pas, pour lui, de perdre de vue que l’État algérien est musulman.
Concernant le projet de loi sur le voile, dans un pays où le port du voile est redevenu important, il est certain que les mêmes pressions vont s’effectuer, mais avec quels résultats, et quelles conséquences pour l’action politique de Nouria Benghabrit ?
Crédit photo : English Language Programs