« L’enfer est pavé de bonnes intentions », c’est ce que l’on peut se dire en voyant le documentaire, « les enfants volés d’Angleterre« . Celui-ci explique, que sous prétexte de protection de l’enfance, l’État britannique retire des nouveau-nés à leurs parents, juste sur la base de « soupçons de maltraitance future », avant de les confier à l’adoption.
Dans ce documentaire diffusé sur France 5, les réalisateurs Pierre Chasseigneux et Stéphanie Thomas racontent comment à partir de 1989, Margaret Thatcher, à la tête du gouvernement britannique, faisait voter le Children Act. Il s’agit d’une loi, qui introduit la notion particulièrement floue et subjective de « probabilité de faire du mal » à l’enfant. Plusieurs faits divers, particulièrement tragiques ont amené le gouvernement de Tony Blair a durcir l’application de ce texte. De fil en aiguille, de mise en cause en critique des services sociaux, on en arrive à légaliser le simple soupçon de maltraitance. Désormais, aucune preuve de maltraitance ne doit être apportée, le soupçon suffit.
Bien sûr, ce sont avant tout les familles pauvres qui sont dans le collimateur. « Les pauvres sont considérés comme coupables de leur propre pauvreté et, à ce titre, leur capacité à s’occuper correctement de leurs enfants est remise en cause », déplore Pierre Chasseigneux, coréalisateur du documentaire. Dans celui-ci, un couple a eu beau tout faire, et se soumettre à un « stage de parentalité », à l’issue duquel il a été diplômé, rien n’y a fait, le bébé lui a définitivement été retiré.
Ce qui fausse tout, c’est que toutes ces mesures masquent en fait, de médiocres considérations financières, et le désengagement de l’état dans la protection sociale. Un système de quotas a tout perverti. Ainsi, chaque comté (l’équivalent anglais du département), reçoit des quotas d’adoption, c’est-à-dire un nombre d’enfants à retirer à leurs parents pour les proposer à l’adoption. Le système de quotas attribue des primes, qui viennent gonfler le budget des services locaux de protection de l’enfant, ou au contraire, l’amputent si les chiffres ne sont pas atteints. « Cela encourage les travailleurs sociaux à retirer des enfants à leur famille et à les faire adopter dans les plus brefs délais », poursuit le réalisateur, « parce que ces enfants placés coûtent cher à l’État, environ 2,8 milliards d’euros par an. Donc il faut aller vite« .
« Time is money » donc tout est fait le plus rapidement possible, six mois d’enquête seulement pour amener la preuve de la bonne foi ou de l’innocence des parents, après, l’enfant peut donc être proposé à l’adoption. Cette loi, est irrévocable, par exemple, Jacquie et John ont réussi à prouver que leur bébé souffrait d’une maladie génétique héritée de sa mère, et qui provoquait des hématomes. Ce couple, ne frappait pas leur enfant, mais ils n’ont plus jamais revu leurs enfants, entre-temps adoptés légalement par une autre famille.
On retrouve donc dans le reportage, Bethany qui essaye de mettre son enfant au monde hors du Royaume-Uni, là où le Children Act ne s’applique pas, tout simplement pour pouvoir le garder.
Crédit photo : Boris Oblitas
Quels sont les psychologues et les avocats en France et en Europe qui pourraient former un groupe d’influence pour stopper cette abomination. Personne ne parle de la violence et des désastres sur le plan psychique faites à ces enfants qui ne revoient plus jamais leurs parents du jour au lendemain. On ne peut même pas imaginer couper un enfant (qui est placé pour le soustraire à des violences) d’un contact minimum avec ses parents, même si ceux ci sont en prison. Comment en 1989 un pays européen a-t-il pu sortir une loi pareille sans que la commission des droits des enfants soit saisie? La subvention dédiée aux comtés, pour mettre des enfants en adoption, de même que la mise sur le marché (officines privées) des enfants à adopter s’apparente à un trafic d’être humain. Espérons une suite favorable.