On peut parler de paradoxe, mais Marine Le Pen semble décidée à mettre en avant sa condition féminine, et l’utiliser comme argument durant la campagne présidentielle. Paradoxe donc, car le Front National n’a jamais vraiment mis la cause féministe au rang de ses priorités.
« Jusqu’à présent, je me l’étais interdit« , explique-t-elle. En fait, il faut plus y voir une opportunité, plutôt qu’un réel changement de vision. Le féminisme version Marine Le Pen, s’inscrit avant tout dans un contexte plus large d’une dénonciation des dérives du communautarisme, qui a le mérite de bien coller avec la ligne politique du FN, et à l’actualité très anxiogène du moment.
Ne nous y trompons pas, le féminisme de Marine Le Pen, se trouve particulièrement virulent quand il s’agit de critiquer, à juste titre, la place des femmes dans l’Islam. Cependant, pour le reste des revendications féministes classiques comme la défense de l’avortement ou le planning familial, le parti d’extrême-droite devrait en revanche rester discret. Il ne faut pas oublier que le FN doit, dans le même temps ne pas heurter la frange de son électorat conservateur et catholique, qui comme tout religieux un peu rigoriste a une vision très « classique » de la place de la femme dans la société.
Marine Le Pen, entend bien aussi tirer un autre avantage de sa féminité. En juxtaposant son statut de femme et de mère avec son slogan, « la France apaisée « , elle peut mettre en avant une image particulièrement rassurante, qui a souvent fait défaut au parti lorsque celui-ci était mené par son père et continuer son œuvre de « dédiabolisation » du Front national. Il est clair que la candidate, qui entend bien se dévoiler sur le plan personnel durant la campagne, va enfoncer le clou en profitant d’une représentativité féminine anormalement faible à un haut niveau dans les autres partis. Elle veut conquérir l’électorat féminin, un électorat qui aujourd’hui encore lui résiste.
Crédit photo : Marine Le Pen 006