Une société européenne de cancérologues lance un programme pour briser le plafond de verre qui freine la carrière des femmes.
On croyait les médecins peu concernées par le plafond de verre qui empêche les femmes d’accéder aux plus hautes responsabilité dans de nombreux secteurs. Il n’en est rien. C’est pourquoi l’Esmo, organisation qui regroupe plus de 7000 cancérologues en Europe, a décider de lancer la semaine dernière à Amsterdam, lors de son congrès annuel, un programme Women for oncology* (W4O) à l’initiative de sa présidente, le Pr Martine Piccart.
«Le programme W4O a été créé pour nous permettre de comprendre ce phénomène et de mettre en place des programmes de formation plus souples qui répondent mieux aux attentes des femmes», explique-t-elle.
Selon un sondage interne réalisé en août 2013 auprès de 680 adhérentes de l’Esmo, 59 % des femmes interrogées estiment que le premier obstacle à la progression de leur carrière vient de la difficulté d’équilibrer le travail et la vie familiale. Une femme sur deux pense aussi que, là où elles exercent, les hommes sont souvent perçus comme des leaders naturels alors qu’elles sont plutôt vues comme des membres de l’équipe. Enfin, une sur trois pointe le préjudice de genre lié à l’a priori culturel qui attribue aux femmes plus de responsabilités familiales et domestiques.
Pour le Dr Monica Arnedos, de l’institut Gustave-Roussy à Villejuif, «le fait que nous voyions moins de femmes en position de leadership est culturel ; même si les choses ont changé, nous souffrons toujours de cette idée que les femmes ne doivent pas s’occuper de ce qui ne concerne pas la vie familiale et laisser les hommes atteindre les plus hautes responsabilités».
Le plafond de verre existe d’ailleurs au sein même de l’Esmo. Car si 36 % des membres de l’Esmo sont des femmes, elles ne sont plus que 22 % dès lors que l’on examine les plus hautes instances et les différents comités de l’organisation. Il y a pourtant de plus en plus de femmes parmi les oncologues. Ainsi trouve-t-on désormais 53 % de femmes parmi les oncologues de moins de 40 ans alors qu’elles ne sont que 28 % après cet âge. A l’Esmo, la proportion de femmes est aussi passée de 20 % en 2000 à 36 % en 2013. «Les femmes oncologistes sont pourtant extrêmement motivées pour accroître leurs compétences scientifiques et professionnelles», souligne le Pr Piccart.